Cryptomonnaies en Suisse : comptabilisation et fiscalité 2025 pour particuliers et sociétés
Depuis plus de dix ans, les cryptomonnaies se sont imposées comme un élément majeur du système financier mondial. La Suisse, grâce à sa stabilité financière et à son environnement réglementaire clair, est devenue l’un des pays de référence en matière de fiscalité crypto et de comptabilisation des actifs numériques. Les autorités fiscales suisses (AFC, administrations cantonales) ont défini un cadre permettant d’intégrer les cryptos aussi bien dans la déclaration d’impôt des particuliers que dans la comptabilité des sociétés.
Que vous soyez une personne physique résidente en Suisse investissant dans le Bitcoin, l’Ethereum ou d’autres altcoins, ou une PME acceptant des paiements en cryptomonnaies, il est essentiel de comprendre la classification des tokens (payment, utility, security), leur enregistrement comptable au bilan, ainsi que leurs implications fiscales (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune, impôt sur le bénéfice et TVA).
Dans cet article, nous vous proposons une synthèse pratique en sept points sur la comptabilisation et la fiscalité des cryptomonnaies en Suisse, destinée aux particuliers et aux entreprises souhaitant sécuriser leur gestion et leur conformité fiscale.
1) Typologie des cryptomonnaies selon la FINMA
Introduction : Comprendre le type de jeton détenu est le point de départ. La nature économique du token détermine son traitement légal, comptable et fiscal.
- Payment tokens (Bitcoin, Litecoin, Monero) : utilisés comme moyens de paiement.
- Utility tokens (Ethereum et dApps) : donnent accès à un service ou protocole.
- Asset/Security tokens : confèrent un droit patrimonial, comparable à une valeur mobilière.
- Stablecoins (USDT, USDC, CHF-stablecoins) : liés à une devise ou un actif, soumis à une réglementation spécifique renforcée en 2024.
Cette classification influence directement la fiscalité (impôt, TVA) et la comptabilisation.
2) Comptabilisation des cryptomonnaies en Suisse
Introduction : La Suisse applique le Code des obligations (CO) et, le cas échéant, Swiss GAAP FER. Aucune norme spécifique n’existe pour les cryptos, mais des principes solides guident les pratiques.
- Classement : en actifs circulants (autres actifs financiers), en stocks (si activité principale de négoce), ou en immobilisations incorporelles.
- Évaluation : selon l’art. 960a/b CO, au coût d’acquisition, avec possibilité d’évaluation à la valeur du jour assortie d’une réserve de fluctuation si prix observable.
- Annexe : la politique comptable doit détailler la source de prix, le mode de garde, les risques et les événements postérieurs à la clôture.
- Écritures usuelles :
- Achat : Crypto / Banque
- Vente : Banque / Crypto, différence en résultat
- Clôture : correction de valeur ou réserve de fluctuation
3) Fiscalité des personnes physiques
Introduction : Pour un particulier, la fiscalité des cryptos repose sur deux piliers : l’impôt sur la fortune et l’impôt sur le revenu. La distinction entre gestion privée et activité professionnelle est déterminante.
- Impôt sur la fortune : déclaration obligatoire de la valeur des cryptos au 31 décembre, selon la liste officielle ICTax de l’ESTV.
- Impôt sur le revenu :
- Gestion privée : gains en capital exonérés, pertes non déductibles.
- Activité professionnelle : gains imposables, pertes déductibles (critères du Kreisschreiben n° 36).
- Revenus en crypto : staking, lending et intérêts imposables comme revenus de la fortune ; mining considéré comme activité indépendante ; airdrops imposables à la réception ; salaires en crypto imposables au cours du jour.
4) Fiscalité des sociétés suisses
Introduction : Pour une entreprise, les cryptos sont intégrés dans le résultat imposable. Le traitement fiscal est plus strict que pour les particuliers, les pertes pouvant toutefois être déductibles.
- Impôt sur le bénéfice et sur le capital : tous les gains sont imposables, les pertes et frais sont déductibles s’ils sont justifiés par l’usage commercial.
- TVA :
- Paiement en crypto d’une prestation taxable : assimilé à un troc, TVA due sur la valeur CHF de la prestation.
- Échange de payment tokens : considéré comme service financier exonéré.
- Facturation : la facture doit toujours être libellée en monnaie légale (CHF, EUR) avec la TVA séparée, même si le paiement se fait en crypto.
5) Check-lists pratiques
Introduction : Un suivi rigoureux permet de réduire les risques de contestations fiscales et de sécuriser la comptabilité.
- Personnes physiques :
- Export des soldes au 31 décembre (wallets, captures d’écran).
- Valorisation selon ICTax.
- Vérification annuelle du statut privé/professionnel (KS 36).
- Journal des revenus on-chain (staking, mining, airdrops).
- Sociétés :
- Politique comptable écrite (classement, prix, garde).
- Annexe détaillée (méthodologie, risques).
- Procédures TVA (facturation en monnaie légale, conversion CHF au moment du paiement).
6) Points d’attention 2025–2026
Introduction : Le cadre évolue rapidement. Les autorités suisses publient régulièrement des mises à jour qui doivent être suivies par les investisseurs et les sociétés.
- Stablecoins : renforcement des exigences FINMA en 2024 (gouvernance, garanties, LBA).
- TVA : taux relevés à 8,1 % (normal), 2,6 % (réduit), 3,8 % (hébergement) depuis 2024 ; importance des factures en monnaie légale.
- ICTax : mise à jour annuelle des valeurs de référence à utiliser pour les déclarations fiscales.
7) Résumé exécutif
Introduction : En conclusion, la combinaison de règles civiles, comptables et fiscales rend la gestion des cryptomonnaies complexe mais prévisible en Suisse.
- Les personnes physiques : gains privés exonérés, fortune imposable, revenus on-chain imposables.
- Les sociétés : gains imposables, pertes déductibles, TVA à gérer attentivement.
- La clés de sécurité : classification FINMA, application du CO (art. 960a/b), respect des règles ICTax et des obligations TVA.
Réflexion générale et rappels essentiels
La montée en puissance des cryptomonnaies en Suisse place les particuliers et les PME devant des défis inédits : volatilité, complexité technique des blockchains, obligations fiscales strictes. Pourtant, la Suisse dispose d’un cadre clair et pragmatique. Les bonnes pratiques consistent à :
- Classer correctement ses cryptos au bilan selon leur usage ;
- Documenter la source de prix et la garde des actifs numériques ;
- Tenir un registre précis des transactions ;
- Déclarer chaque revenu en crypto au moment de son acquisition ;
- Ne pas oublier que toute valeur crypto est soumise à l’impôt sur la fortune au 31 décembre.
RISTER – Fiduciaire à Genève accompagne ses clients, particuliers et sociétés, dans l’administration d’entreprises, la tenue de comptabilité et la fiscalité en lien avec les cryptomonnaies en Suisse. Nos experts vous conseillent pour sécuriser vos déclarations et optimiser la gestion de vos actifs numériques.
FAQ – Comptabilisation et fiscalité des cryptomonnaies en Suisse
Les gains en cryptomonnaies sont-ils imposables en Suisse pour un particulier ?
En Suisse, les gains en capital privés issus de la vente de cryptomonnaies sont exonérés d’impôt si vous êtes considéré comme investisseur privé. En revanche, les gains sont imposables s’il s’agit d’une activité assimilée à un commerce professionnel (critères du Kreisschreiben n° 36).
Les cryptomonnaies en Suisse doivent-elles être déclarées dans la fortune ?
Oui. Toutes les cryptomonnaies détenues au 31 décembre doivent être déclarées à l’impôt sur la fortune. La valorisation se fait selon la liste officielle ICTax de l’ESTV, lorsqu’un cours y est publié.
Comment une société suisse doit-elle comptabiliser ses cryptos ?
Les cryptos sont inscrits au bilan :
- comme actifs circulants (trésorerie, placements) ;
- ou comme stocks si l’activité principale est le négoce ;
- exceptionnellement comme immobilisations incorporelles.
L’évaluation se fait au coût d’acquisition ou à la valeur du jour (avec réserve de fluctuation, art. 960b CO).
Que se passe-t-il si je reçois un salaire ou des honoraires en cryptomonnaies ?
Le salaire payé en crypto est traité comme un salaire classique : il doit être converti en CHF au cours du jour et figure au certificat de salaire (Lohnausweis). Les charges sociales et l’impôt s’appliquent de la même manière que pour une rémunération en francs suisses.
Le staking et le mining sont-ils imposables ?
Oui.
- Staking, lending, liquidity mining: revenus imposables comme revenus de la fortune.
- Mining: considéré comme une activité indépendante, imposable comme tel, avec possibilité de déduire les frais (matériel, électricité).
Une facture peut-elle être libellée uniquement en Bitcoin ou en Ethereum ?
Non. En Suisse, toute facture doit indiquer le montant en monnaie légale (CHF ou éventuellement EUR) ainsi que la TVA en francs suisses. Le paiement peut être effectué en cryptomonnaie, mais la conversion en CHF doit être documentée.
Comment sont traités les paiements en cryptomonnaies en Suisse au regard de la TVA ?
- Un paiement en crypto pour un bien ou service taxable est assimilé à un troc : la TVA est due sur la valeur CHF de la prestation fournie.
- L’échange de payment tokens (ex. BTC, ETH) est assimilé à un service financier exonéré.
- Les services de plateforme, de garde ou de validation restent en principe taxables.
Quelles sont les erreurs fréquentes avec les cryptos en Suisse ?
- Ne pas déclarer ses cryptos à l’impôt sur la fortune.
- Oublier d’indiquer les revenus de staking, mining ou airdrops.
- Tenir une comptabilité sans politique claire (sources de prix, garde, réserve de fluctuation).
- Émettre des factures uniquement en crypto, ce qui invalide la déduction de TVA pour le client.
RISTER – Fiduciaire à Genève vous accompagne dans la comptabilisation et la fiscalité de vos cryptomonnaies en Suisse, que vous soyez un investisseur particulier ou une PME suisse active dans le digital.